Mobiliser les ressources pour assurer la sécurité de l’eau en Afrique: une évaluation indépendante de la Facilité africaine de l’eau (2005-2018)

Date: 29/06/2020

Type: Évaluation thématique

Country(ies): 

Secteur(s): Approvisionnement en eau et Assainissement

Statut: Achevé

La Facilité africaine de l’eau (FAE) est un Fonds spécial multilatéral qui offre des subventions et une assistance technique pour permettre aux gouvernements, aux organisations non gouvernementales et aux partenariats public-privé de répondre au besoin croissant d'investissements pour le développement et la gestion des ressources en eau en Afrique. Après presque 15 ans de mise en œuvre, au cours desquels la FAE avait approuvé 118 opérations dans 52 pays pour un volume total de 163,3 millions d'euros, la Banque africaine de développement (BAD), administrateur de la FAE, a commandé une évaluation indépendante de la Facilité.

Objectif et méthodologie

L’évaluation avait un double objectif, à savoir, garantir la redevabilité (en examinant l’efficacité de la FAE en matière d’organisation et de développement) et l’apprentissage (identifier ce qui a marché et ce qui n’a pas marché et pourquoi).

La conception de l'évaluation a utilisé une approche combinée, basée sur la théorie, le système et les niveaux multiples. Conformément au statut du portefeuille de la FAE, des approches sommatives (rétrospective) et formatives (prospective) ont été adoptées pour réaliser l’évaluation. L'évaluation s'est appuyée sur cinq rapports de base, à savoir le rapport de démarrage, l’examen du portefeuille, l’analyse des politiques et de la littérature, les études de cas (qui couvrent neuf pays), et un rapport de synthèse.

Principales constatations

L'évaluation a révélé que le FAE était un instrument très pertinent et l’un des rares acteurs du secteur de l’eau qui interviennent à l’échelle continentale en Afrique pour appuyer la préparation des projets, ce qui permet d’assurer une coproduction et un cofinancement accrus des projets avec divers partenaires et acteurs du développement. L’importance accordée par la FAE aux aspects « immatériels » du développement, tels que la préparation des projets, l’innovation et l’élaboration des politiques, s'est avéré avoir une valeur ajoutée unique pour relever les défis du continent en matière d'eau et d'assainissement. En termes d'efficacité en matière de développement, la FAE a été jugée globalement satisfaisante, bien qu'il y ait une indication d'un déclin ces dernières années, en raison de l’évolution des priorités stratégiques. La FAE a permis aux pays africains d’introduire des modèles innovants de gestion des ressources nationales en eau. En ce qui concerne l'efficacité organisationnelle, il a été constaté que ses capacités techniques avaient diminué, ce qui était partiellement imputable à la réduction des ressources en personnel en raison des ressources financières limitées dont elle disposait. Ses processus et procédures opérationnels ont été jugés modérément appropriés et pertinents, et ont souffert d'un certain nombre d'inconvénients liés à la gestion des projets et des données, à l'établissement de rapports, à la communication et au suivi des projets. Ces insuffisances étaient en grande partie imputables à des pénuries de personnel auxquelles il convient de remédier.

L'efficacité des projets de la FAE a été jugée peu satisfaisante, au regard des problèmes liés au respect des délais et aux décaissements. Toutefois, en ce qui concerne l'appropriation et la viabilité des partenariats, l'approche, la flexibilité et le mode opératoire de la FAE lui ont permis d'être particulièrement adaptée aux besoins des pays.

L'évaluation a révélé que l'égalité hommes-femmes n'était pas une priorité dans les propositions de projets et les rapports de la FAE. En outre, certes 24 % des 118 projets de la FAE ont été exécutés dans des pays en transition et des contextes vulnérables, mais le cadre dans lequel ils ont été sciemment conçus en tant que projets transformateurs est limité.

Recommandations

L'évaluation propose les recommandations suivantes à la FAE :

  1. Être plus souple, agile et efficace, pour maintenir son avantage comparatif et remplir ses missions, en collaboration avec la BAD.
  2. Élargir la composition du conseil de gouvernance de la FAE afin d'inclure plus de partie prenantes pour améliorer l'orientation stratégique, compte tenu des origines politiques de la FAE, tandis que le conseil d'administration de la BAD se concentre sur les questions opérationnelles.
  3. Améliorer son système de soumission de résultats et de communication (sur son statut en tant que Facilité, ses opérations et ses réalisations) à ses diverses parties prenantes.
  4. Adopter des mesures concrètes aux fins pour améliorer l’efficacité de ses opérations et optimiser l’accomplissement de sa mission.
  5. S’engager davantage avec les décideurs et continuer à se vendre auprès des bailleurs de fonds afin que ceux-ci poursuivent leur participation et leur engagement et, ainsi, apportent encore plus de financements.

Chef de projet :

Joseph MOUANDA, Chargé d’évaluation en chef