L'Évaluation indépendante du développement (IDEV) à la Banque africaine de développement (BAD ou « la Banque ») a entrepris une évaluation du deuxième Cadre d'évaluation de l'additionnalité et des résultats en matière de développement (ADOA) de la Banque, approuvé en 2015. Le Cadre ADOA est un outil d'aide à la décision pour améliorer la conception des projets et la sélectivité des opérations non souveraines (ONS) de la Banque - des opérations d'investissement qui ne sont garanties par aucun État et sont fournies aux conditions du marché. Elle évalue deux dimensions des ONS, à savoir i) l'additionnalité, qui mesure la contribution des interventions de la Banque dans le secteur privé que les marchés ne fournissent pas actuellement, et ii) les résultats de développement.
La Banque est en train de réviser le Cadre ADOA 2.0, dans l’optique des engagements qu'elle a pris lors de sa 7ème Augmentation générale de capital. L'évaluation fournit des preuves de ce qui a fonctionné et de ce qui pourrait être amélioré pour éclairer cette révision. Elle a fait le point sur la mise en œuvre du Cadre ADOA 2.0 entre 2015 et 2020 et examiné sa pertinence, son efficacité et son efficience.
Les principales conclusions de l'évaluation sont que le Cadre ADOA est pertinent pour les stratégies de la Banque, qu’il fournit une base solide à la Direction de la Banque et au Conseil d'administration pour approuver des projets à forte additionnalité et qu’il procède à une évaluation solide des résultats en matière de développement. Cependant, l'évaluation a révélé un décalage entre les indicateurs ADOA et ceux des cadres de résultats des projets. En outre, la méthode d'évaluation de l'additionnalité d'ADOA pourrait gonfler la contribution de la Banque et réduire le seuil d'additionnalité, et dans six des dix études de cas, les allégations d'additionnalité n'étaient pas étayées par des preuves solides.
Par ailleurs, la typologie des projets utilisée par le Cadre ADOA pour évaluer les résultats de développement ne correspond plus aux secteurs d'intervention de la Banque et pourrait être mise à jour. Les points de vue sur l'efficacité du processus ADOA sont mitigés, l'évaluation suggérant que la production de notes ADOA successives n’apporte pas une grande valeur ajoutée.
Enseignements clés:
- L’existence d’une boucle de rétroaction est essentielle à des fins d'apprentissage. Le fait que le processus ADOA s'arrête à l'approbation de la transaction par le Conseil et l'absence de tout suivi significatif impliquent qu'une telle boucle de rétroaction fasse défaut.
- Les systèmes de suivi doivent être conçus en gardant à l'esprit l'utilisation des données de suivi, afin de fournir la base d'une gestion adaptative et de garantir que des mesures correctives sont prises pour les projets à risque.
- La mise à disposition par les notes ADOA d'évaluations discriminatoires est essentielle pour les décideurs. Les lacunes dans la solidité méthodologique doivent être corrigées pour s'assurer que les évaluations ADOA constituent une base solide pour éclairer la prise de décision.
L'évaluation fait les recommandations suivantes :
- Améliorer davantage l'évaluation de l'additionnalité par l'ADOA. Le Cadre ADOA devrait revoir son approche unique consistant à ne considérer que l'additionnalité collective de toutes les institutions financières de développement participantes. Au lieu de cela, il devrait souligner la totalité de l'additionnalité de la Banque. En outre, le Cadre devrait accorder une plus grande importance à la mobilisation des financements privés.
- Renforcer l'évaluation des résultats de développement par l'ADOA. La Banque devrait élaborer des théories du changement pour l'ensemble des secteurs couverts par la Banque et identifier les types de résultats et d'indicateurs qui devraient normalement découler de ces projets. En outre, le Cadre devrait accorder une plus grande attention aux effets distributifs des projets et à la mesure dans laquelle la transaction sert des segments mal desservis du marché.
- Assurer la disponibilité des données pour améliorer la préparation, la prise de décision et le suivi des projets. Tous les documents connexes, les notes préparées, les pièces justificatives (y compris les rapports de retour au bureau, les questionnaires clients remplis et les comptes rendus de réunion) et les calculs doivent être archivés dans un seul endroit pour chaque projet évalué.
Chef de projet d'évaluation : Latefa Camara, Chargée d'évaluation