Cette évaluation groupée de projets portant sur le soutien de la Banque africaine de développement (BAD ou « la Banque ») à l'intégration de la croissance verte (CV) et du changement climatique (CC) dans ses interventions dans les domaines de l'énergie et des transports est une composante de l'évaluation institutionnelle de l'intégration de la CV et du CC dans les interventions de la BAD. Elle couvre sept projets des secteurs de l’énergie et des transports dans cinq pays : le Cameroun, le Maroc, le Mozambique, le Rwanda et le Sénégal, pour une valeur totale de 394,4 millions d'UC. Elle fournit des enseignements et des bonnes pratiques afin de permettre à la Banque d'améliorer la qualité et la performance de ses interventions et d'éclairer l'élaboration de son nouveau cadre stratégique pour la CV et le CC.
L'évaluation visait à répondre à deux questions clés : Dans quelle mesure la Banque a-t-elle bien intégré la CV et le CC dans ses interventions relevant des secteurs de l’énergie et des transports ? et Dans quelle mesure les projets de l’énergie et des transports financés par la Banque qui intègrent dans leur conception la CV et le CC ont-ils été performants en termes de pertinence, d’efficacité, d’efficience et de durabilité ?
Quelques constatations :
Intégration de la CV et du CC dans les interventions de la Banque dans les secteurs de l’énergie et des transports
- La Banque a de plus en plus amélioré l'intégration des principes de la CV et du CC dans ses politiques et stratégies sectorielles, en particulier dans le secteur de l'énergie, plus que dans le secteur des transports. L'absence de cadre stratégique et de politiques et orientations spécifiques pour soutenir l'intégration pratique des considérations de CV et de CC dans les interventions du secteur des transports est un défi.
- La Banque a réussi à mobiliser et à exploiter des fonds climatiques pour financer de grands projets d'infrastructures énergétiques. La mobilisation de financements supplémentaires aide les pays membres à résoudre les problèmes liés à la CV et le CC par le biais de leurs programmes d’infrastructures et est cohérente avec l’engagement accru des politiques de la Banque en matière de l’énergie et des transports avec les questions de CV et de CC.
- Les opérations d’appui programmatique (OAP) dans le secteur de l'énergie ont assuré une plus grande intégration de la CV et du CC dans ce secteur, contrairement à celui des transports où aucune OAP n'a été identifiée au cours de la période d'évaluation.
Performance des projets évalués
- Les projets ont été jugés pertinents en termes d’alignement de leur conception avec les politiques, les stratégies et les besoins des bénéficiaires, et efficaces pour atteindre les résultats escomptés en matière d’intégration de la CV et du CC (produits et résultats), mais l’efficience a été jugée insatisfaisante. La durabilité des avantages des projets, quant à elle, était considérée comme probable.
- Les facteurs de succès comprenaient une conception clairement ciblée des projets pour atteindre les objectifs de CV et de CC, un niveau élevé de vérification technique, la participation des parties prenantes à tous les niveaux de prise de décision, une forte appropriation institutionnelle et la garantie que les considérations environnementales sont explicitement prises en compte lors de la livraison.
- L'absence d'une théorie cohérente du changement ou d'un cadre logique pour soutenir la CV et le CC, les hypothèses irréalistes dans la conception des projets, les retards de mise en œuvre et l'incapacité de démontrer et de documenter des résultats clairs liés à la CV et au CC ont été signalés comme des domaines à améliorer.
Quelques enseignements :
• L’élaboration de stratégies et solutions en matière de CV et de CC efficaces et appropriées au niveau national nécessite du temps, des ressources et des consultations approfondies. La Banque a obtenu les meilleurs résultats dans les secteurs où la CV et le CC sont soutenus par un solide leadership national.
• L'établissement d'un cadre stratégique sectoriel clair, étayé par des politiques et stratégies complémentaires, peut favoriser l’intégration des considérations liées à la CV et au CC dans les interventions sectorielles.
• Les projets les plus performants évalués dans le cadre de l'analyse groupée étaient ceux qui combinaient un engagement au niveau de la politique sectorielle avec des interventions de projets.
• Les projets qui s’alignent clairement sur les priorités gouvernementales, qui s’appuient sur un engagement sectoriel à long terme et un engagement national, qui établissent des mécanismes institutionnels solides pour appuyer la viabilité financière et qui nouent un dialogue efficace avec les utilisateurs finaux dès le début ont la plus grande probabilité de durabilité.
• Un manque de cohérence dans les responsabilités régionales à travers l'Afrique est un obstacle au développement de solutions appropriées relative à la CV et au CC, en particulier en ce qui concerne les normes techniques harmonisées dans le secteur des transports.
Chef de projet : Mabarakissa Diomandé, chargée supérieure d'évaluation