07-mars-2022
1. Parlez-nous d’une de vos expériences récentes les plus mémorables en évaluation
La rédaction du premier rapport du Système d’enregistrement des actions de la Direction (MARS) sur le suivi des recommandations d’IDEV en 2020 est une récente expérience mémorable. Ce rapport est intervenu six ans après le lancement du MARS par le Conseil d’Administration.
L’opérationnalisation du MARS a permis d’améliorer son système informatique automatisé, de réduire les retards de mise en œuvre des actions par la direction, d’améliorer la qualité des preuves fournies par la Direction et de retirer les recommandations déjà mises en œuvre et dont la date limite de mise en œuvre est dépassée de plus de deux ans. Le rapport a également fourni des enseignements et recommandations sur les moyens d’améliorer l’adoption des recommandations d’IDEV. Désormais produit annuellement, le rapport MARS permet à la Direction de suivre et de prioriser les recommandations et le suivi de la mise en œuvre des actions, et d’assister le Conseil d'administration dans son rôle de surveillance.
2. Diriez-vous que les évaluations se ressemblent ou que chaque évaluation est unique ?
Chaque évaluation est unique compte tenu des outils utilisés et des différences dans les projets ou les portefeuilles de la Banque. De plus, les projets sont gérés en fonction du contexte spécifique de chaque pays. Par conséquent, une large consultation est nécessaire au cours du processus d'évaluation pour faciliter la participation des différentes parties prenantes, collecter des données, comprendre la méthodologie et favoriser l'appropriation des résultats des évaluations (conclusions et recommandations).
3. Racontez-nous une anecdote vécue au cours d’une évaluation qui vous a permis de tirer une importante leçon
En tant que personnel de la Banque, nous avons été chaleureusement accueillis et appréciés par les populations bénéficiaires lors de notre visite lors de l'évaluation d'impact du projet de route Fufulso-Sawla au Ghana. Le projet a fondamentalement changé la vie des personnes vivant le long de la route. C'est quelque chose que je n'ai jamais vu auparavant dans ma carrière. Il montre que les interventions les plus réussies sont celles qui répondent aux besoins de la population dans son ensemble. Dans ce cas, l'accessibilité par la construction de routes, la santé par la construction de dispensaires et d'un centre régional de santé, d'écoles, de marchés, etc.
Lors de notre visite au cours de l’évaluation de l’impact du projet routier Fufulso-Sawla au Ghana, nous avons été chaleureusement accueillis par les populations bénéficiaires et vivement remerciés en tant que personnel de la Banque, tant le projet a changé fondamentalement la vie des populations le long de la route. Je n’ai jamais vu ça dans ma carrière. Cela montre que les interventions les plus réussies sont celles qui répondent aux besoins de la population dans son ensemble. Dans ce cas, l'accessibilité par la construction de routes, la santé par la construction de dispensaires et d'un centre régional de santé, d'écoles, de marchés, etc.
4. Comment adaptez-vous votre façon de réaliser une évaluation compte tenu de la restriction des voyages ?
Face aux restrictions de voyage, les bureaux de la Banque dans les différents pays ont joué un rôle très appréciable, notamment dans la mise en relation et la mobilisation des parties prenantes pour les réunions virtuelles. Nous avons également accru l’engagement avec l’ensemble des parties prenantes afin de les impliquer davantage dans le processus d’évaluation. La mise en confiance des parties prenantes a permis de faciliter les discussions et de collecter les informations adéquates. En outre, nous avons eu recours à des consultants locaux pour les visites de sites de projets. Enfin, la triangulation accrue de l’information a permis de consolider les résultats. Un évaluateur doit prêter une attention particulière à ce que les consultants locaux soient compétents et indépendants, qu’ils n’aient aucun lien avec les projets, aucun conflit d’intérêt. Ensuite, la culture du travail à distance étant assez récente dans beaucoup de pays africains, la qualité de la connexion internet n’est pas toujours bonne. Il faut donc bien planifier les réunions et prévoir un choix varié d’outils de communications (zoom, skype, teams, whatsapp, etc.).
5. Comment peut-on renforcer la pratique de l’évaluation ?
La pratique de l’évaluation peut être améliorée par l’harmonisation de la conception, des outils et des indicateurs utilisés, et par la mise en place d’un mécanisme d’enregistrements des résultats d’évaluations de projet. L’enregistrement permettra de disposer d’une base de données permettant de mener rapidement et à moindre coût des méta-analyses sur des thématiques nouvelles ou d’apporter un éclairage nouveau sur des thématiques anciennes.
6. Comment pensez-vous que la pratique de l’évaluation évoluera ? Quels changements verrons-nous ?
Les progrès technologiques et la numérisation systématique permettent déjà de collecter de très grands volumes de données, en un temps record et à moindre coût. Dans les années à venir, les pratiques d'évaluation utiliseront le " big data " et les données localisées dans l'espace. L'intelligence artificielle par le biais d'algorithmes permettra alors d'établir des conclusions quasi-expérimentales sur la contribution des programmes et des politiques aux résultats des populations ou des communautés. Par ailleurs, la géolocalisation et la mesure des interdépendances sociales apporteront de nouvelles perspectives sur la contribution du mimétisme social et des effets d'entraînement aux résultats des projets et programmes.
7. Qu’aimez-vous le plus dans votre travail ?
J’aime la rigueur scientifique et la curiosité intellectuelle qu’implique une évaluation. Mais, par-dessus tout, j'apprécie le sentiment d’être utile à mon continent. C'est un privilège. En effet, une évaluation bien menée aboutira à des recommandations pertinentes qui, une fois mises en œuvre, permettront d’améliorer les résultats des projets, des stratégies et programmes de la Banque et in fine d’améliorer les conditions de vie des populations en Afrique.