Améliorer la durabilité des interventions de développement : que faudra-t-il ?

Mercredi 29 novembre 2023

Le mercredi 29 novembre 2023, l'Évaluation indépendante du développement (IDEV) de la Banque africaine de développement (« BAD » ou « La Banque ») a organisé un événement d'apprentissage sur le thème de la durabilité dans les interventions de développement. L'événement d'une demi-journée au format hybride a attiré plus de 160 personnes pour découvrir ce qui pouvait être fait différemment par la Banque, les gouvernements et d'autres partenaires de développement pour que les résultats de développement perdurent. Dans son discours d'ouverture, l'évaluatrice générale de la BAD, Karen Rot-Münstermann, a expliqué que la motivation pour tenir les discussions sous le thème « Améliorer la durabilité des interventions de développement : que faudra-t-il ? » venait des lacunes récurrentes dans la durabilité des interventions de la Banque, révélées à travers les évaluations d’IDEV.

Le discours d'ouverture a été prononcé par la directrice exécutive de la BAD, Mette Knudsen. Elle a affirmé que les questions de durabilité sont une source fréquente de questions pour le Conseil d'administration de la BAD lors de l'examen de ses stratégies pays. Elle a ajouté que le Comité de la Banque sur l’efficacité du développement (CODE) est le premier consommateur des données d’évaluation d’IDEV, donnant un exemple récent de la façon dont l’évaluation d’impact d’IDEV du projet de connectivité du dernier kilomètre pour l’électrification au Kenya a éclairé les discussions sur le financement de la phase future.

« La durabilité devrait être le principe directeur de toutes les interventions de développement », a déclaré ED Knudsen, rappelant à l'auditoire qu'il ne peut y avoir de durabilité si nous gérons mal nos ressources naturelles et que chaque partie prenante joue un rôle essentiel.

Voir les discours d'ouverture 

L'événement a été ponctué de deux présentations qui ont donné des exemples pratiques et des bonnes pratiques en matière de développement des infrastructures et de leur financement.

La première portait sur ce que les preuves nous disent sur la durabilité des interventions de développement de la Banque, par Joseph Mouanda, chargé d’évaluation en chef à IDEV. Il a partagé les bonnes pratiques à adopter et les pièges à éviter lors du financement de projets d'infrastructures. La seconde, sur la success story de l’intégration de la croissance verte et du changement climatique dans les interventions de la BAD, a été réalisée par Marco Yamaguchi, chef de la division Infrastructures et développement urbain à la BAD. Il a expliqué les différents mécanismes de financement et fonds spéciaux mobilisés par la Banque pour favoriser la croissance durable et la résilience dans le développement des infrastructures déployés par exemple par les pays membres dans les domaines de l'urbanisme, de la mobilité verte, des infrastructures vertes pour les ports et aéroports, des corridors verts et du soutien à la migration modale vers le transport ferroviaire pour le fret.

Voir la présentation par Joseph Mouanda et regarder l'enregistrement vidéo.

 

Voir la présentation par Marco Yamaguchi et regarder l'enregistrement vidéo.

 

L’événement comportait deux panels de discussion, s’appuyant sur les connaissances et l’expérience d’experts de la BAD et des agences gouvernementales des pays membres régionaux, à savoir le Bénin, la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie, le Ghana et la Tunisie.

La première table ronde, intitulée « Durabilité financière dans les interventions de développement : quels sont les facteurs sous-jacents de succès et d'échec ? », était  modérée par Armand Nzeyimana, directeur par intérim du Département de l'impact et des résultats de développement (SNDR) de la BAD.
Les trois panélistes, Yvonne Quansah, directrice de la mobilisation des ressources et des relations économiques du ministère des Finances du Ghana ; Firmin Croi, conseiller technique du Ministre de l’Économie, du plan et du développement de Côte d’Ivoire ; et Tamiru Gedefa, directeur général au ministère de l'Eau et de l'énergie en Éthiopie, ont donné leur point de vue, tiré de leur expérience pratique de travail sur des projets gouvernementaux visant à développer les infrastructures dans leurs pays respectifs.
Les panélistes ont abordé les questions de cofinancement des projets et la nécessité d'harmoniser les politiques et les cadres entre les prêteurs ; le succès des partenariats public-privé (PPP) dans la gestion des ressources après l'achèvement du projet ; et le fardeau de la compensation financière pour les ceux affectés par les projets d’infrastructure.

Voir la table ronde 

La deuxième table ronde, intitulée « Comment assurer la durabilité institutionnelle et le renforcement des capacités des projets et programmes ? » était animée par Eric Kehinde Ogunleye, directeur par intérim de l'Institut africain de développement (ECAD) de la BAD. Ogunleye a d’abord commencé en insistant sur le fait que la capacité institutionnelle est importante pour la durabilité et que les projets ont échoué faute d'elle.Il a ensuite invité François-Corneille Kedowide, directeur général de l'Agence béninoise pour l'environnement ; Tarek Bouhlel, directeur de la Coopération avec l’Afrique au ministère tunisien de l'Économie et de la planification ; et Pietro Toigo, responsable pays de la BAD pour l'Angola et Sao Tomé-et-Principe, pour présenter leurs points de vue sur les besoins en capacités institutionnelles. 
Les panélistes ont convenu que le développement humain devrait être au centre de tout projet. Ils ont estimé que les connaissances autochtones constituaient un élément clé de la réussite des projets, à condition que la population soit impliquée dès la phase d'identification du projet et associée aux projets tout au long de leur cycle de vie. Sur le thème du renforcement des capacités, le principal point à retenir est que, étant donné les longs délais d'achèvement des projets, c'est l'institution elle-même qui doit gagner en capacité, plutôt que les individus qui quittent souvent l'institution la laissant avec un déficit de connaissances.

Les panélistes ont reconnu qu’il existait des signes positifs de développement institutionnel. Le continent évolue, prend en charge son propre destin et développe des institutions locales. Les discussions sur la durabilité dans ce contexte arrivent à point nommé.

Voir la table ronde (première partie)

 Voir la table ronde (deuxième partie)

Se poser les bonnes questions sur la durabilité est un pas en avant vers la recherche de la réponse appropriée. L’échange de connaissances sous la forme d’un événement d’apprentissage comme celui-ci nous amène dans la bonne direction a conclu Ibrahima Konate, chef de division au département du Développement des systèmes électriques à la BAD, dans son discours de clôture.

Il s’agissait du dernier événement d’apprentissage d’IDEV pour 2023. D’autres sont prévus pour la nouvelle année, notamment la Semaine biennale d’évaluation du développement, a conclu Jayne Musumba, responsable de division d’IDEV et maîtresse de cérémonie de l’événement.
 

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